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Gregor

La 3e nouvelle que j’ai écrite (1991)

Publiée par M.E.O. en 2021 dans le recueil Les couleurs de la peur

Deux distinctions

Paul est un garçon sans problème, qui va rendre visite à sa fiancée, laquelle habite dans un château. Céline, charmante au demeurant, a sa part d’ombre, il le découvre à son détriment. Cela commence par des cicatrices en forme de lettres, où il déchiffre le nom Gregor !

Mais ce n’est qu’un début, car le château lui réserve d’autres surprises. il croit devenir fou entre Gregor-chien et Gregor–homme, qui semblent bien ne faire qu’un !

Montée en suspense à couper le souffle à Paul, qui perd tous ses repères.

Présentation

Paul vit un amour sans histoire, mais sa fiancée n’est pas aussi transparente qu’il le croyait, et lui avoue même qu’elle était une sacrée peste quand elle était petite. Le malaise croît jusqu’au paroxysme, entre un doux dingue qui le terrifie et la collection de chiens empaillés qu’il découvre au grenier.
Des cicatrices inexpliquées, des hurlements à faire froid dans le dos, une masse de cent kilos qui lui tombe dessus… et ce n’est pas fini.

De quoi faire perdre la tête au plus courageux.

Extrait

Paul, tendu, reste aux aguets. Pendant un moment, on n'entend rien, que le chant d'une mésange qui trille de tout son cœur dans les buissons et les pépiements incessants des moineaux. Puis le cri s'élève à nouveau et le garçon sent la chair de poule le gagner. Il regarde autour de lui comme s'il s'attendait à voir surgir un monstre prêt à le dévorer. Instinctivement, sa main s'est posée sur une branche qui gisait dans l'herbe. Il jurerait que ses cheveux sont dressés sur sa tête. À ses côtés, Céline demeure impassible et le pauvre Paul est encore plus inquiet de la voir à son aise dans cette ambiance dantesque.
- Qu'est-ce que… ? murmure-t-il, la gorge sèche.
- Ce n'est rien. Il chante, répond la fille dans un demi-sourire.
- Qui ? Qui chante ?
- Chut, le voilà. Ne bouge pas. Il ne te verra pas si tu ne bouges pas. Il est très myope.
S'attendant à découvrir un monstre apocalyptique, Paul s'aplatit dans l'herbe à la vitesse de l'éclair et, vexé de se sentir le front couvert de sueur, risque un œil. Mais il ne voit devant lui que de l'herbe. Il tend le cou en essayant de ne pas trembler. Céline l'observe d'un œil moqueur.
- Fait chaud, hein, tout à coup, mon Paul ?!
- Chut ! fait-il, mort de peur et furieux de l'être.
Pourquoi n'a-t-elle pas peur, elle ? Elle est donc de marbre ? Quelle sorte de monstre abritent les murs de ce château ?
- Qu'est-ce que c'est ? articule-t-il en essayant d'affermir sa voix.
- Gregor, laisse tomber Céline.

Rien n'est pire qu'une colère rentrée. C'est une explosion dans un bocal clos. Ca vous implose en plein cœur, ça vous brûle au napalm et vous recevez l'impact à l'intérieur du crâne. Les joues se tendent, le front rougit, les yeux éclatent comme des vitres, les dents se serrent à se briser. Il avale la couleuvre et se remet à scruter entre les brins d'herbe, les yeux écarquillés, la nuque tordue, sans rien voir d'anormal. Les hurlements inhumains semblent se rapprocher et Paul frissonne de plus en plus dans la chaleur de ce beau jour d'été. C'est affreux, le froid de la peur qui vous mord les reins, qui vous rogne l'occiput et vous inonde l'estomac, quand vous êtes impuissant, allongé à terre comme un paillasson. Mais c'est bien pire encore de recevoir sur le dos une masse de cent kilos qui vous tombe dessus comme le ciel sur la tête. Cloué au sol, épouvanté, Paul vide d’un seul coup sa vessie et ses poumons dans un hurlement de terreur.

Revue de presse

Se référer à la revue de presse du recueil Les couleurs de la peur.