Hold-up
Nouvelle écrite en 1993
Publiée par M.E.O. en 2024 dans le recueil Ainsi va la vie, ainsi va la mort
Une attaque de banque, un fait divers comme un autre. Pour Martin, ce sera l’événement unique, celui qui compte dans la vie d’un homme.
Un employé de banque tout ce qu’il y a de plus rangé, que cette attaque va faire sortir du rang, presque malgré lui.
Un prix et une distinction
Présentation
Nouvelle courte, où l’on voit Édouard Martin, distrait, discret, presque inexistant à force de modestie et d’effacement, réagir face à un hold-up… Réaction en deux temps, contradictoires. Il n’a rien décidé, c’est parti tout seul !
Extrait
D'après sa montre, Édouard avait dix bonnes minutes d'avance. Il avait le temps. Il s’apprêtait à faire le pied de grue en attendant l'ouverture des portes, en rêvant à tout cet argent qui lui passait dans les mains comme l'air dans les poumons, sans qu'il en garde rien.
Il n'était plus qu'à quelques mètres quand il vit surgir de la banque un gaillard en cuir noir, crâne rasé, cache-col vert et lunettes noires, une valise à la main.
Et dans l'autre… un revolver !
Édouard vacilla. Un hold-up ? C'était bien sa veine. L'affreux le dévisagea, le jugea sans doute aussi dangereux qu'un poireau, car son regard se porta immédiatement sur la rue, comme s'il cherchait quelque chose. Il poussa un juron. Son complice n'était pas là pour l’embarquer ! Il trépignait comme un taureau, lançant des coups d’œil furibards de tous côtés. Les secondes s’écoulaient, mortelles, sous les sifflets indifférents des sansonnets.
Le regard revint sur Édouard, qui s'effondra d’un coup pour renouer les lacets inexistants de ses mocassins. Ah pouvoir s'enfoncer entre les dalles comme les fourmis… Disparaître.
Déserte, la rue. Affreusement déserte. Et dans son esprit, l'agence aussi. Seul à risquer sa peau. Seul à pouvoir agir. Au pied du mur. Placé contre son gré dans la peau d'un héros qu'il n'était pas. Qu'il refusait de devenir. Cabré, braqué, plus couard que jamais.
Il risqua un œil. Que faisait l'affreux ? Il le regardait. Le revolver aussi le regardait.