Fermer

Amour de sable

Nouvelle écrite en 2002

Publiée dans le recueil Les couleurs de la peur Aux éditions M.E.O. (2021)

Cette nouvelle fait suite à la nouvelle Le dernier papillon et la complète.
Il s’agit du deuxième pan de la nouvelle. Après les avanies que lui a fait subir Anaïs, le garçon se ressaisit et veut prendre sa revanche.

L’ensemble, Le dernier papillon et Amour de sable, a été publié dans le recueil Les couleurs de la peur - M.E.O. 2021

Présentation

Anaïs, une ado confrontée aux affres de la vie, quand, le jour où son copain la plaque, sa mère est emmenée d’urgence en clinique suite à un malaise cardiaque.
Seule dans la maison, elle traduit son désarroi en révolte contre le monde entier, et spécialement contre son « emmerdeuse de mère, qui choisit pour faire son infar le jour où elle souffre d’amour » !
Et quand un garçon se pointe aux alentours de la maison, elle réagit dans l’impulsion du moment. Il en prendra pour son grade !

Extrait

Il respire. Aspire à grandes goulées l’air frais qui lui coule aux poumons. Sans se lasser, il respire. Il avait oublié comme c’était bon de respirer. Il est trempé, glacé, il sent mauvais. Mais il respire.

Il ne faut pas rester là, à la merci de cette folle, qui a failli le tuer. Où est-elle ? Il n’entend rien mais elle est peut-être là, derrière la porte, prête à la lui claquer au nez ? Lui donner de l’air, juste assez pour qu’il ne meure pas. Et refermer la trappe.

Il faut sortir. Tout de suite. Il se jette en avant, se propulse hors de sa prison. Elle n’est pas là. Dieu sait ce qu’elle mijote… Il doit boire. Se laver. Il se sent mal à force de soif et de puanteur. La tête lui tourne. Il avance avec précaution.

Un couloir dallé. Un grand salon, une cuisine en désordre, une pièce avec télé et piano. Qu’est-ce qu’il a pu le maudire, ce piano, qui couvrait ses hurlements. La folle n’est pas à voir.

La salle de bain doit être à l’étage. Mais où donc est cette satanée gamine ? Il monte sans bruit, s’enferme. La clé dans la serrure et enfin, l’eau, l’eau, l’eau. Il boit, affalé dans le lavabo, à grandes goulées, cette eau tiède un peu chlorée, qui lui coule sur les lèvres, sur les joues, dans le cou.

Puis il arrache ses vêtements poisseux et se glisse dans le compartiment douche. L’eau sur la tête, le paradis, sur les épaules, le savon parfumé, le gant d’éponge, le gant de crin, se laver de la peur qu’il a eue. Cette peur dont il a honte à présent, infligée par une gamine détraquée, qui tenait sa vie entre ses mains. Elle a eu peur de lui sans doute ?

Peur ridicule. Réaction ridicule. Il voulait juste la taquiner. Il était entré sans intentions précises, attiré par la frimousse, les cheveux, l’air furieux de la fille, amusé par le sort qu’elle faisait au petit bonhomme de pierre. Envie de lier connaissance avec cette fille qui balançait sur la corde de l’enfance.

C’est vrai qu’il aurait pu. Elle était seule, il l’a su dès qu’elle lui a affirmé le contraire. C’est vrai qu’elle était mignonne et que l’occasion fait le larron. Mais il n’a rien fait. Rien dit.

Il n’a rien à se reprocher. Et elle… elle lui a fait goûter l’horreur du cachot. Plus jamais il ne pourra supporter un endroit clos… Jamais personne ne lui a fait peur comme cette foutue gamine.

Il s’éponge vigoureusement, renifle à plein nez la fraîcheur qui se dégage de sa peau. Pas question de réintégrer ses frusques puantes. Il se ceint d’une serviette, s’asperge d’eau de toilette. Invincible à présent. Elle l’a eu par surprise, elle l’a pris en traître. Il est bien plus fort qu’elle, c’est évident. Un homme averti en vaut deux et lui, il en vaut bien trois. Il va lui apprendre à vivre, à cette péronnelle.

Mais d’abord, un pantalon. Un homme sans pantalon ne peut prétendre porter la culotte ! Il aurait bonne mine si, au cours de la prise de bec, sa serviette tombait ! C’est pour le coup qu’elle aurait peur ! Et Dieu sait que sa peur est mauvaise conseillère. Ce n’est pas des ailes qu’elle lui donne, c’est des idées de meurtre.

Revue de presse

Se référer à la revue de presse du recueil Les couleurs de la peur.