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Boomerang

Nouvelle érotique écrite en 2009

Publiée dans le recueil Coquines en auto-édition (2011)

La troisième nouvelle du lot.

Tout heureuse, Arielle, se voit conviée à un bal costumé en compagnie de son oncle Paul et de sa tante Luce ! Hélas, voilà Tante Luce prise d’une migraine épouvantable… Ils ne seront que deux à partir au bal. Luce préfère garder le lit et tenter de dormir.

Présentation

Bal masqué, synonyme d’anonymes qui font n’importe quoi sous le couvert des masques… On s’y perd. Arielle change de costume, Luce n’est pas là, Luce est là, Paul est là, Paul n’est pas là. Un chassé-croisé où tel est pris qui croyait prendre.
Pas facile à manier, un boomerang !

Extrait

Arielle avait sauté de joie quand son oncle Paul lui avait proposé une invitation au bal masqué des Levasseur. Le choix des costumes fut l’occasion de fous rires et d’essayages interminables. La vendeuse, douée d’une patience d’ange et d’un remarquable sens de la psychologie, avait conseillé à Paul, belle silhouette affectée d’un regrettable petit bedon, un élégant costume de maharadjah, qui lui donnait beaucoup d’allure. Tante Luce avait fait des caprices d’enfant gâtée, trouvant des défauts à tout ce qu’elle enfilait. Ça lui faisait un gros derrière, ça la gênait aux entournures, ça lui écrasait les nichons… Finalement, elle s’est trouvée très séduisante en marquise de Pompadour, nichons au balcon, anglaises poudrées lui balayant les épaules, l’éventail de plumes nonchalamment agité devant le masque doré qui lui moulait le nez. La classe !

Arielle avait craqué devant le sari princesse des mille et une nuits, souple, brillant, chatoyant, et le voile brodé qui rendait inutile le port du masque. La perruque de longs cheveux tressés d’un noir profond la changeait de son blond habituel. Un autre visage, une autre personne, beaucoup plus troublante. Shéhérazade aux yeux d’azur…

Mais voilà qu’au jour dit, Tante Luce se met à souffrir d’une épouvantable migraine et renonce, la mort dans l’âme, à la soirée dont elle se promettait tant de plaisir. Elle s’allonge dans la pénombre de sa chambre, calfatée de médicaments, la belle tenue de Pompadour tristement allongée auprès d’elle.

En bon époux, Paul propose de renoncer lui aussi, mais en bonne tante, Luce refuse de priver sa nièce de ce bal masqué, son premier bal.

Et quand Arielle, venue lui dire au revoir, demande à essayer la tenue de marquise, juste pour voir… elle l’accorde bien sûr, ne souhaitant qu’une chose, subir en paix les coups de marteau sur sa tête martyrisée.

En attendant l’heure du départ, Paul pianote sur son PC mais quand il voit arriver au salon une délicieuse marquise, il croit rêver. Qu’est-ce que ce costume va bien à Luce, qu’est-ce qu’il la rajeunit, l’affine, lui donne de grâce derrière son éventail ! Ce n’est qu’à la voix qu’il reconnaît sa nièce.

- C’est moi, Tonton, j’ai changé, ça me va bien, non ? En Shéhérazade, j’aurais eu l’air de faire un couple avec toi !

Elle minaude, roulant une boucle de cheveux sur son index, l’étirant jusqu’à la naissance des seins, et la lâche brusquement, qui remonte en ressort à l’épaule. Ce qu’elle ne dit pas, Arielle, c’est qu’elle ne porte aucun sous-vêtement là-dessous, conformément à l’usage de l’époque, et que se savoir nue sous un tel fatras de tissu empesé lui donne des sensations délicieuses. Quoi de plus sensuel que de se sentir libre en marchant, en s’asseyant, en esquissant un pas de danse ? Elle demande conseil à son oncle pour placer la mouche, car il y a tout un langage des mouches. Il ne le connaît pas et propose de la placer sur le sein, c’est plus coquin ! Il offre ses services et insiste longuement du bout des doigts pour s’assurer que la petite mouche tient bien ! Il ne faudrait pas qu’elle s’envole, la petite mouche…

Faire entrer la volumineuse ampleur de la tenue Pompadour dans la voiture de Paul n’est pas une mince affaire, c’est encore l’occasion de quelques rires et attouchements, puis les voilà partis. Luce entend démarrer la voiture et s’abandonne à la douleur et à l’espoir de sommeil, seule chose qui puisse la délivrer de la torture.

Revue de presse

Se référer à la revue de presse du recueil Coquines , où cette nouvelle est reprise.