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De fil en fil

Nouvelle écrite en 2012

Publiée par M.E.O. en 2024 dans le recueil Ainsi va la vie, ainsi va la mort

Sans être hypocondriaque, Éric avait toujours fait très attention à sa santé. Et voilà qu’un jour, il découvre une petite bosse dans sa chevelure. Bosse, tumeur, cancer, panique.

Non, rien de tel, heureusement, mais quelque chose de plus surprenant, et pas nécessairement moins inquiétant. Des fils lui poussent sur la tête !

Présentation

Ce qui pourrait sembler être un simple poil incarné s’avère un étrange appendice, bientôt suivi par d’autres. Cela empire de jour en jour. Comment se présenter à son travail dans ces conditions ?
Et surtout, que sont ces parasites qui lui sortent du crâne ? Comment conserver une vie sociale en étant arrangé de la sorte ?

Extrait

Jamais il n’avait eu recours à des teintures ou à quoi que ce soit de tel. Nous l’avons dit, il faisait extrêmement attention à sa santé. Jamais d’excès, jamais d’extras, rien que du naturel et du normal. Et là, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il était hors norme. Comment annoncer à ses collègues qu’il avait un nouveau problème de pilosité, annoncer à son patron qu’il ne pourrait pas se présenter au travail en raison d’une poussée de cheveux ? C’était ridicule.

Se faire porter malade, son médecin ne voudrait pas. Les certificats de complaisance, ce n’était pas son genre. Il fallait aller au boulot, cheveux multicolores ou pas. Et s’il les lavait ? La couleur disparaîtrait peut-être ? Au moins la couleur. Le voilà plongeant sa chevelure dans l’eau chaude, shampooinant à tour de bras, savonnant, récurant, rinçant, essorant. En vain. Au contraire, les couleurs n’en semblaient que plus éclatantes. Désespéré, Éric se résolut à porter couvre-chef pour aller travailler.

Couvre-chef… Mais quel couvre-chef ? Casquette de golf, bonnet de laine, chapeau de paille ? Pas très sérieux, tout ça, dans une boutique de prêt-à-porter haut de gamme. Effectivement, en le voyant arriver, le patron tiqua. Et tiqua ferme. Tiquer. En voilà un drôle de mot. Pourquoi Éric pensa-t-il à ce moment-là à cette tique qui s’était incrustée dans son mollet lors d’une promenade en forêt ? Le médecin lui avait retiré la bestiole sans problème, mais rien qu’à l’idée, Éric en avait été malade. C’est que ces bêtes véhiculent une horrible maladie. Et si c’étaient des sortes de tiques qui lui sortaient du crâne ? Des tiques mutantes, géantes, qui avaient fait leur chemin dans son corps pour sortir de terre/tête aujourd’hui sous forme de tentacules ?